La connaissance de l’histoire du chat et de ses comportements permet de prévenir ses conduites agressives et de diminuer son stress, composantes importantes dans la sensibilité aux maladies et dans la guérison. La domestication du chat est récente ; il a gardé ses caractéristiques ancestrales, ce qui fait de cet animal de compagnie un être très particulier.

L’histoire du chat et ses conséquences en matière de comportement

L’ancêtre du chat est le chat africain sauvage, un petit prédateur vivant dans la savane. C’est un animal solitaire le plus souvent, qui chasse de
rares rongeurs sur de larges espaces. La domestication du chat n’est pas le fait de la volonté de l’homme mais est plutôt un hasard : les premières
relations sont probablement associées à l’augmentation de la disponibilité et de la densité des rongeurs auprès des foyers humains liés aux
réserves céréalières. Ce rapprochement a impliqué une tolérance vis-à-vis de l’humain mais aussi vis -à-vis des autres chats. Deux populations
félines se sont alors développées : le type sauvage et le type proche des humains. Cette domestication est relativement récente dans l’évolution
puisqu’elle daterait de 6 à 9000 ans et le chat a gardé de nombreuses caractéristiques des espèces ancestrales dans son comportement (ce qui
n’est pas le cas pour le chien).
Le chat domestique, comme son ancêtre, présente une qualité de la perception sensorielle accrue (vision nocturne, audition, odorat). Le
comportement de prédation requiert toujours une motivation forte mais sans corrélation avec la satiété : la faim augmente le comportement de
chasse mais la chasse persiste, le ventre plein et les proies sont rapportées au centre de l’espace de vie sans être mangées.
> La chasse est donc un comportement naturel et lorsque celle-ci est impossible nait un sentiment de frustration.
Les espèces ancestrales ont également légué des caractéristiques comportementales quant à l’espace de vie des animaux. Ces espaces de vie sont bien définis et comportent un
espace central et plusieurs aires de chasse ; ces espaces peuvent se superposer et être partagés et sont affectés par la dynamique des populations locales. La communication
visuelle du chat est beaucoup plus subtile que ceux des prédateurs sociaux comme le chien, même si des postures défensives sont clairement définies. La communication olfactive
est en revanche extrêmement développée : le chat se sert de ses glandes réparties sur l’ensemble du corps pour communiquer et s’orienter, attirer les partenaires sexuels, identifier
les aspects de l’environnement et leur signification émotionnelle et identifier les membres d’un même groupe social.
Le comportement social se développe lorsque les chats partagent des ressources alimentaires, bien que la chasse reste une activité solitaire. La taille de ces communautés dépend
des ressources alimentaires et ce sont souvent des groupes d’individus apparentés (lignée de femelles) : on assiste à un élevage mutuel des chatons et à des comportements affectifs
(frottement et toilettage mutuel permettant le transfert d’odeurs) ; les comportements agressifs sont rares. Dans ces groupes sociaux il n’existe pas de hiérarchie établie et les
signaux visuels, souvent limités à des signaux d’apaisement, ne sont pas complexes. En revanche, les chats n’appartenant pas au même groupe social s’évitent même si les ressources
sont suffisantes.
Un chat peut également être caractérisé par sa «personnalité». Cette personnalité a un effet significatif sur le comportement et influence la première réponse comportementale à
chaque situation.

Comment réussir une bonne adoption

Le développement comportemental du chat est lié à son développement neurologique au cours de la période sensible : cette période débute dans le ventre de la mère par l’influence
des hormones maternelles et se poursuit jusqu’à l’âge de 7 semaines. Le cerveau du chaton est formé de millions de connexions nerveuses fonctionnelles qui se détruisent si elles ne
sont pas utilisées pendant 15 jours. Ce système modulable et plastique assure l’adaptation du chaton à son environnement de vie. Cette période sensible est extrêmement importante
puisqu’elle apprend aux chatons la complexité environnementale et influence le comportement de peur qui survient beaucoup plus tard quand l’environnement adulte ne correspond
pas à celui expérimenté par le chaton. Les chatons perçoivent alors comme normaux les stimuli reçus pendant cette période et développent un modèle de ce qui est considéré
comme normal dans la vie : le comportement de l’éleveur et la richesse de l’environnement pendant l’élevage sont donc primordiaux.
> L’environnement d’élevage doit donc coïncider avec l’environnement de vie future.
Par ailleurs, le jeu permet aux chatons de s’exercer en pratique pour le comportement de chasse qui lui sera nécessaire à l’âge adulte ; ils sont
dirigés naturellement par la mère sur un substrat ad hoc. Des jouets et des jeux adaptés diminuent les risques d’agressions ultérieures. En
revanche, des conduites inappropriées de la part des propriétaires peuvent stimuler des conduites agressives. Il est par exemple dangereux de
stimuler le chaton avec ses doigts ou ses pieds : chaton, ses petites griffes ne sont pas trop traumatisantes pour les propriétaires qui trouvent
drôles ce genre d’activité ; à l’âge adulte, alors que le propriétaire n’a pas contrôlé la rétractation des griffes lors des jeux du chaton, les
griffades sont alors blessantes.
Le propriétaire réprimande alors le chat qui ne comprend pas cette différence de comportement de son maître entre ce qui était amusant avant
et puni maintenant qu’il est adulte. Se développe alors une anxiété et des conduites agressives de plus en plus marquées.
> Nous conseillons donc de ne jamais solliciter un chaton avec ses doigts et de favoriser les jeux sur des objets appropriés (petite souris, peluches, bouchons, ficelles de laine…). De
plus, si au cours d’un jeu le chaton griffe, il convient de le sanctionner en l’attrapant doucement par la peau du cou ou en lui infligeant une pichenette sur le bout du nez (mimétisme
du comportement de la maman).
Les apprentissages se font par deux types d’associations : le conditionnement opérant (association entre le comportement du chat et sa conséquence) et le conditionnement
classique (association entre des événements importants et les choses qui les prédisent). Par conditionnement opérant on peut citer le fait que le chat comprenne qu’on ouvre le
frigo pour lui donner à manger : si chaque fois qu’on ouvre le frigo le chat obtient à manger, il ne comprendra pas que certaines fois il n’obtient pas et peut se montrer alors agressif.
Si vous ne voulez pas que ce genre de comportement se développe, il ne faut pas répondre systématiquement aux demandes du chat. Le conditionnement classique est le fait, par
exemple, que le chat appréciant ses propriétaires, associe le bruit de la voiture à l’arrivée de ses maîtres. Le chat miaule alors et en réponse on lui donne à manger : si l’attitude des
propriétaires est systématique, le jour où vous ne répondez pas à ses attentes, il peut se montrer agressif.
> De mauvais apprentissages ou des associations d’idées non justifiées peuvent développer des conduites agressives.
L’introduction de tout nouvel animal dans un environnement établi comportant plusieurs chats est une perturbation pour l’ensemble des chats
qui peut se manifester par des agressions entre les chats mais aussi vis-à-vis du propriétaire. Ces manifestations sont d’autant plus marquées que
le chat introduit est adulte et perçu par les autres comme n’appartenant pas au même groupe social.
À l’introduction d’un nouveau chat, nous conseillons l’utilisation de phéromones territoriales et de phéromones d ’allomarquage pour apaiser
l’anxiété du groupe. Les chats doivent ensuite eux-mêmes redistribuer leur territoire, l’intervention des propriétaires est le plus souvent
délétère ; il convient simplement de sécuriser l’accès aux éléments de première nécessité (litière, eau, alimentation) pour chacun.
> Il ne faut pas interférer dans les échanges entre chats à l’introduction et utiliser des phéromones.
Le comportement individuel d’un chat est donc modulé par l ’éthologie propre de l ’espèce, des facteurs génétiques (pouvant être appelés « personnalité »), les apprentissages
précoces et les apprentissages préalables ainsi que l’adéquation entre tout celà avec son environnement de vie. Les animaux ont une propension particulière à créer des associations
positives ou négatives en fonction de nos comportements. Nos réponses doivent donc être justes et appropriées pour maintenir une correcte harmonie dans le foyer.