La présence de calculs ou de bouchons urinaires (ou urolithiases) chez le chat correspond à une affection du bas appareil urinaire aussi appelée SUF (syndrome urologique félin). Elle se manifeste par des difficultés à uriner, des mictions fréquentes, du sang dans les urines jusqu ’à une impossibilité à uriner lors d’obstruction totale de l’urètre.
L’obstruction urétrale est une urgence médicale fréquente (9% des urgences médicales) : sans traitement le chat meurt en 3 à 6 jours d’une insuffisance rénale et d’un choc hydroélectrolytique graves.

Epidémiologie

L’obstruction urétrale se rencontre principalement chez le chat mâle castré, adulte (de 2 à 6 ans), sédentaire, ayant tendance à l ’embonpoint et ce pour des raisons morphologiques : le diamètre de l ’urètre se rétrécit au niveau du pénis, ce qui empêche l ’évacuation naturelle des calculs qui se forment dans la vessie.
Les calculs urinaires se rencontrent également chez la femelle, mais ne provoquent généralement pas d ’obstruction (1% chez la femelle contre 75% chez le mâle).
Les chats de race Persan semblent plus fréquemment atteints alors que le risque est moindre pour les Siamois.
La formation des calculs ou des bouchons urétraux est favorisée par une alimentation riche en minéraux, de faible densité énergétique, par un apport en eau insuffisant et une modification du pH urinaire (induite par le stress entre autre). Ils seraient plus fréquents en hiver.

Formation des calculs ou des bouchons

Les calculs urinaires sont des concrétions cristallines fabriquées dans la vessie, à la faveur d’une urine concentrée (alimentation riche en minéraux, apport d’eau insuffisant, mictions peu fréquentes chez le chat sédentaire). Ces cristaux migrent, avec le courant de l’urine, de la vessie vers l’urètre qu ’ils inflamment et peuvent obstruer.
Les calculs sont de différentes natures : struvites (50%), oxalates de calcium (40%), phosphates de calcium ou urates d’ammonium principalement.
Les bouchons urétraux sont des agglomérats de protéines (issues des glandes prostatiques) et de concrétions cristallines fabriqués dans l’urètre. Ils gênent le passage de l ’urine mais la vessie n’est pas atteinte.
Lors d’obstruction, on observe à la même fréquence des calculs ou des bouchons.

Conséquences d’une obstruction urétrale

La présence d’un calcul ou d’un bouchon dans l’urètre provoque une inflammation (oedème, douleur) de l’urètre aggravant le spasme et l’obstruction. L’obstruction complète est à l’origine d’une absence de vidange de la vessie pouvant entraîner sa rupture. La dilatation des voies urinaires peut se propager jusque dans les uretères (conduits reliant les reins à la vessie) et dans les reins. Ces phénomènes entraînent une insuffisance rénale aiguë et de graves désordres hydro -électrolytiques manifestés par des vomissements, de l’anorexie, de l’apathie et des troubles cardio -vasculaires.
Enfin, la stagnation des urines favorise la multiplication des bactéries et les infections urinaires.
Les épisodes répétés d’obstruction urétrale peuvent induire une insuffisance rénale chronique.

Signes cliniques

L’obstruction urétrale est la maladie du chat, souvent castré, adulte, sédentaire, à tendance obèse, dont l’alimentation est riche en minéraux et l’apport d’eau insuffisant.
L’obstruction se manifeste par des difficultés urinaires, du sang dans les urines, des mictions très répétées ou au contraire une impossibilité à uriner. Dans certains cas, le chat a tendance à délaisser sa litière et essaye d’uriner à d’autres endroits. Il se lèche plus fréquemment la zone génitale. Le chat perd de l’appétit et peut présenter des vomissements. L’abdomen peut être tendu et douloureux. Au bout de 48 heures d’obstruction, l’animal est en état de choc : hypothermie, tremblements, coma.
L’obstruction urétrale est donc une urgence : consultez rapidement votre vétérinaire.

Diagnostic

À partir des éléments que vous allez décrire, des signes cliniques (déshydratation, palpation de la vessie, auscultation cardiaque), votre vétérinaire va réaliser différents examens complémentaires pour localiser l’obstruction, la caractériser, et mettre en évidence les complications.
Une radiographie de l’abdomen peut mettre en évidence la présence des calculs dans la vessie et dans l’urètre (supérieurs à 3 mm). L’échographie peut être utilisée à ces mêmes fins et permet de réaliser une ponction de la vessie pour récupérer de l’urine à analyser.
L’analyse de sang renseigne sur l’état d’avancement de l’insuffisance rénale et les complications électrolytiques. La numération formule sanguine est également un outil pronostique.
L’électrocardiogramme permet d’estimer l’augmentation du potassium dans le sang, très toxique pour le cœur.
L’analyse d’urine est primordiale : on mesure la densité urinaire, on réalise une bandelette et on analyse la nature des cristaux et la présence de bactéries.

Diagnostic différentiel

D’autres maladies peuvent se manifester par les mêmes signes cliniques : difficultés urinaires, sang dans les urines. Il s’agit par exemple des malformations anatomiques, des tumeurs, des cystites, des troubles du comportement…

Traitement

Le but du traitement est de soulager rapidement l’animal en vidant la vessie et en corrigeant les troubles hydro-électrolytiques par le biais d’une perfusion adaptée à chaque cas.
Il convient ensuite de lever l’obstacle présent dans l’urètre. Cette manipulation se fait sous anesthésie générale, qui présente un certain risque en fonction du degré des complications de votre animal. Dans les cas les plus favorables, le passage d’une sonde directement dans l’urètre permet l’évacuation du calcul ou du bouchon. On laisse cette sonde en place pendant 24 à 48 heures. Une couverture antibiotique est mise en place.
Dans les cas réfractaires, la chirurgie est nécessaire. L’intervention consiste à ouvrir l’urètre au niveau du pénis, là où il se rétrécit, pour permettre l’évacuation des calculs et/ou du bouchon. Elle ne peut être réalisée que lorsque l’animal est stabilisé par le biais de vidange de la vessie et de perfusions intraveineuses adéquates. Elle constitue un traitement définitif de l’obstruction mais n’en résout pas la cause : les mesures de prévention doivent être malgré tout appliquées, sinon il y aura des récidives.
Les calculs présents dans la vessie sont retirés à la faveur d’une intervention chirurgicale consistant à ouvrir l’abdomen puis la vessie. Certains calculs peuvent être dissous par le biais d’une alimentation diététique particulière.

Prévention de l’apparition des calculs

Pour prévenir l’apparition de ces calculs urinaires, il faut apporter à son chat une alimentation équilibrée, de bonne qualité, fractionnée en plusieurs repas dans la journée mais en quantité mesurée. On respecte ainsi un pH urinaire stable au cours de la journée. Pour diluer les urines, on stimule la prise de boisson par des fontaines à eau, en humidifiant les croquettes ou en utilisant des aliments humides.
Les calculs de struvites peuvent être dissous par le biais de l’alimentation, en acidifiant les urines. Cette alimentation diététique à but thérapeutique doit être limitée dans le temps, jusqu’à la disparition des cristaux. Elle est relayée par une alimentation physiologique ci-dessus indiquée.
Les calculs d’oxalate ne peuvent être dissous par l’alimentation : ils doivent être retirés chirurgicalement.
La lutte contre l’embonpoint et la sédentarité est également une priorité de la prévention de l’apparition de ces obstructions urétrales. Les modifications brutales de régime alimentaire et les situations de stress (déménagement, arrivée d’un autre animal…) sont des éléments favorisant les modifications de pH urinaire et donc l’apparition de cristaux
urinaires.

Pronostic

L’obstruction urétrale est une urgence médicale pour laquelle le pronostic vital est engagé. Plus l’obstruction dure dans le temps, plus les répercussions sur l’organisme sont graves et moins la récupération sera bonne. Cependant, si la prise en charge est rapide, la plupart des complications sont réversibles.
Le chat castré, obèse, sédentaire, recevant une alimentation industrielle de mauvaise qualité et une quantité de boisson insuffisante est le client idéal à l’obstruction urétrale. La diététique du chat est donc primordiale pour lui assurer une bonne santé urinaire (entre autre !). Le maintien d’une activité physique naturelle prémunit également de l’apparition de
ces maladies.

Lexique

SUF : syndrome urologique félin : ensemble des affections de l’appareil urinaire bas du chat (vessie et urètre), dont les causes peuvent être variées (calculs, bouchons, infections).
Urètre : conduit acheminant les urines de la vessie à l’extérieur.
Uretères : conduits reliant les reins à la vessie, au nombre de 2.
Insuffisance rénale aiguë : défaillance brutale (quelques heures à quelques jours) des fonctions rénales. Cette affection peut être réversible si la cause est identifiée et traitée ; le cas échéant, elle peut entrainer rapidement la mort de l’animal.
Insuffisance rénale chronique : dégénérescence du tissu rénal irréversible à l’origine d’un dysfonctionnement de l’organe. Cette affection évolue sur le long terme.
Miction : fait d’uriner.
Densité urinaire : concentration des urines qui permet de connaître la capacité de fonctionnement des tubules rénaux.
Numération formule sanguine : comptage des cellules du sang : globules blancs (et les sous familles), globules rouges et plaquettes.